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Notre intervention au comité de pilotage du NPNRU - 18 décembre 2017


" Mesdames, messieurs


Nous aurions souhaité nous concerter avec les autres conseils concernés par NPNRU de Saint-Denis, mais les délais ont été trop courts et les documents d'introduction donnés trop tardivement.


Nous voulons intervenir sur 3 points :



1. La concertation.


Le comité de pilotage qui devait se tenir en avril 2017 a été annulé et du coup pendant toute cette période qui a suivi les ateliers mis en place par la ville il n'y a plus rien eu. Nous sommes restés largement dans le vague jusqu'en décembre.


Pendant ce temps nous avons mobilisé les habitants, en particulier de la ZAC basilique, parce que nous pensons qu'il ne peut y avoir de projet qui concerne la vie de tout un quartier sans que les premiers concernés n'aient leur mot à dire : Assemblée Générale des locataires, réunions des habitants de l'ilot 8, constitution d'un collectif, etc.


Pour que les habitants puissent émettre un avis sur la rénovation qui vient, il faut prendre le temps de l'information, du décryptage des dossiers, des choix qui sont proposés et de leurs conséquences. Ce temps d'appropriation par les habitants n'est pas celui des cabinets d'études, des techniciens de l'urbanisme ou des opérateurs immobiliers. Il est nécessairement, naturellement, plus long mais il doit être respecté à moins de considérer la concertation comme secondaire, et les conseils citoyens comme des faire-valoir.


Dans le document fourni par vos soins il est indiqué des points qui font consensus. Attention, la démolition du Campanile, par exemple, serait inacceptable si elle se traduisait par un manque de moyens pour rénover les logements de la ZAC Basilique. De même, la descente des services publics de la dalle au rez-de-chaussée, voire la disparition de certains (la crèche qui va être fermée en janvier...) avec le risque de désertification de la dalle que cela entrainerait pose aussi problème.


Enfin qu'est-ce que veut dire "l'intervention sur les espaces publics structurants..." ? Qu'est ce qui fait consensus dans ces interventions ? De même "le travail sur les attributions de logements sociaux" a seulement été évoqué dans les ateliers mais pas avec l'ensemble des habitants de l'ilot 8. Aucune discussion sérieuse n'a pour le moment eu lieu sur ce point et le passif de Plaine Commune et de PCH en matière de dé-conventionnement nous pousse à la plus extrême vigilance.


Vouloir une réelle implication des habitants c'est présenter des choix clairs qui font le projet de rénovation sur lesquels il est possible de se prononcer, de voter, pour les accepter ou les refuser. En tout cas c'est ce que nous voulons et la capacité à répondre à cette attente sera un des critères qui nous permettra de nous positionner par rapport à l'ensemble du projet.



2. La lutte contre l'insalubrité et le PNRQAD.


Il faut d'abord dire que c'est le versant du NPNRU où les habitants sont les moins impliqués dans les choix faits. Il n'y a d'ailleurs aucune ligne sur la concertation dans votre document introductif. La seule expertise indépendante est celle des associations qui ont dû lutter pour la prise en compte des revendications et des droits des habitants expulsés de leurs immeubles, et ce depuis 10 ans. Pas une année sans expulsions, campements, mobilisations !


Par ailleurs le PNRQAD ne répond pas à l'ensemble de l'insalubrité puisque vous avez fait le choix de concentrer son action sur des quartiers précis. Ceci a été mis en évidence par les incendies, toujours dramatiques, qui se sont succédés dans le centre ville, qui ont frappé des immeubles qui n'étaient pas toujours concernés par les cibles du PNRQAD. C'est pour cela que le conseil citoyen du centre-ville a décidé, de sa propre initiative, de lancer une étude sur la prévention des incendies, qui doit déboucher, nous l'espérons, sur une typologie des immeubles à risque et une cartographie de ceux-ci, ce qui peut permettre une mobilisation des habitants en danger.


Nous avons un principe auquel nous tenons : Si la lutte contre l'insalubrité est nécessaire tant elle est insupportable aux habitants qui la subissent, la rénovation des immeubles, des quartiers concernés par le PNRQAD, doit être faite pour les habitants qui y vivent. Nous ne voulons pas qu'elle soit le prétexte, l'instrument de leur exclusion au profit d'une nouvelle population plus aisée qui la remplacerait. Or nous n'avons pas, dans le document introductif, de renseignements précis sur cette question importante. Où sont relogés les ménages qui vivaient dans les immeubles détruits ? Quels sont ceux qui emménagent dans les nouveaux logements qui les remplacent ? Les bilans doivent être tirés de ce point de vue aussi et rendus publics.


Enfin confirmez-vous la priorité donnée dans le nouveau PNRQAD, avec quels délais et dans quelles conditions, au quartier Canal-De Geyter, qui comporte, entre autres, une zone d'extrême "indignité" (passage du Canal), avec ordures jusqu'au milieu de la rue, rats jusque sur le toit des maisons, nuages de mouches, etc. ?


Nous insistons sur les conditions de l'intervention. Ainsi l'immeuble du 8 bis rue Raspail, par exemple, a été frappé d'insalubrité le 20 octobre et les habitants sont depuis complètement désemparés. Ils n'ont pas fait de recours, ils n'ont pas eu d'aide ou conseil. Quel va être leur devenir ?



3. La maitrise de la spéculation immobilière.


Nous lisons dans le bilan : "Une programmation diversifiée : 46% d’accession libre, 25% de logement social, 23 % d’accession sociale à la propriété, 24% de logements spécifiques" ou bien plus loin : "Livrer environ 370 logements dans le cadre d’opérations de réhabilitation lourde et de démolition/reconstruction : 10% d’accession sociale à la propriété, 40% de logement social, 50% de libre"


Nous souhaiterions connaître le ratio propriétaires occupants / propriétaires bailleurs. En effet, il apparaît que dans des opérations réalisées il y a peu, à côté de propriétaires qui ont profité de facilités telle l'exonération de frais de notaires, on trouve des locataires qui payent des loyers élevés à des propriétaires bailleurs.


Nous savons que les copropriétés fonctionnent mieux avec des propriétaires occupants puisque ceux-ci sont davantage motivés à payer charges et travaux. Or des personnes désireuses de devenir propriétaires occupants n'ont pu le faire, les ventes des lots d'un immeuble se faisant en quelques heures, signe d'une spéculation immobilière très active.


Quel contrôle avez-vous sur ce ratio ?


En quoi est-ce légitime que le PNRQAD permette à des propriétaires non occupants d'agrandir leur capital immobilier s'il y a des primo-accédants volontaires ?


Nous pensons qu'il est nécessaire de lutter contre la spéculation, et nous y sommes très attachés, d'autant que dans le contexte des Jeux Olympique de 2024, nous sommes certains que la tension immobilière sur notre ville va être très grande. Est ce que le PNRQAD est à la hauteur de cet enjeu ? Avez-vous un outil foncier qui permette de bloquer le prix des terrains ? Si oui est-il possible d'avoir un bilan de son activité ?


Voici les questions que nous nous posons et auxquelles nous attendons des réponses. "




Le Conseil Citoyen du Centre Ville, le 18 décembre 2017


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