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Pourquoi une étude sur la prévention des risques incendies ?


L'article publié dans le Journal de Saint-Denis de novembre annonçant cette étude a provoqué quelques réactions d'incompréhension. Comme le choix du cabinet d'études a été fait par le Conseil citoyen centre ville et qu'elle va se dérouler dans les semaines qui viennent il est important d'expliquer d'où elle vient, ses enjeux, pourquoi elle est nécessaire.


De nombreux incendies auxquels l’institution n’apporte pas de réponse efficace

De nombreux incendies se sont produits dans les immeubles anciens du centre ville, avec leur lot de catastrophes avec morts et blessés, et un pic en 2016 où entre avril et juin c'est un incendie par mois qui se produit.


Les causes en sont diverses, criminelles ou accidentelles. Ces incendies ont lieu dans un habitat ancien, insalubre ou non, mais dès que l'incendie prend de l'ampleur l'immeuble se transforme en piège pour ses habitants, avec des scènes dramatiques telles que des personnes qui se défenestrent, des voisins qui cherchent des échelles, des pompiers qui ne peuvent intervenir dans les cours intérieures pour évacuer les habitants. Les militants des associations ont vécu ces situations dramatiques, et ont dû faire face aux conséquences de ces expulsions forcées.

Elles ont mis en évidence que la réponse institutionnelle à l'insalubrité n'était pas adaptée aux incendies qui se déroulent dans l'habitat ancien privé. Le dispositif PNRQAD se concentre sur quelques quartiers du centre ville (la Porte de Paris, la gare, la rue Gabriel Péri) et de toute façon s'étale sur une longue période de temps. Impossible d'attendre la fin de la rénovation des quartiers anciens pour voir disparaitre les incendies dramatiques que l'on a connus.


Par ailleurs la multiplication des incendies, qui se reproduiront hélas, n'a pas donné lieu à une politique institutionnelle spécifique pour y faire face. A notre connaissance pas de bilan global, pas de leçons tirées des divers incendies, pas d'actions de prévention mises en œuvre pour faire face au prochain. L'incendie apparait comme une "fatalité" qui est traitée au cas par cas.

De fait, et c'est le point de vue des associations, il y a une partie de la population du centre ville, celle qui vit dans ces immeubles anciens, qui est en danger du fait de son logement, les risques étant aggravés en cas d'insalubrité. Et face à ce risque il n'y a pas de réponse des pouvoirs publics, sinon à très long terme. Ce danger n'est même pas vraiment identifié comme tel ou pire, délibérément ignoré. Les habitants qui y sont exposés ne sont évidemment pas informés du danger.


Le Conseil Citoyen du centre-ville a pris ses responsabilités

Un grand projet de rénovation du centre ville, financé par le NPNRU, la ville de Saint-Denis et Plaine Commune, a été décidé par le gouvernement précédent. Il concerne l'insalubrité du centre ville mais aussi la rénovation de la ZAC Basilique. Pour assurer une concertation minimale des habitants le gouvernement a rendu obligatoire la création des Conseils Citoyens, composés d'habitants, de représentants d'associations, de commerçants. Ce conseil est indépendant de la municipalité et des pouvoirs publics, mais a la capacité de transmettre aux habitants beaucoup d'informations concernant les projets à venir.


Lors de la mise en place des Conseils, qui s'est faite en janvier 2016, la ville et l'ANRU, ont attribué une somme de 20 000 euros à ceux-ci pour qu'ils puissent engager des expertises indépendantes sur des sujets de leur choix. Face à la série d'incendies qui s'est produite entre avril et juin 2016, le Conseil Citoyen du centre ville s'est interrogé sur ce qu'il pouvait faire à son niveau. Il a décidé à l'unanimité de ses membres d'engager cette somme pour tenter de trouver une réponse immédiate au risque d'incendies que connait ce quartier, pour que "le plus jamais ça" soit une réalité, dans une situation d'absence de réponse des pouvoirs publics.

Quel bilan des incendies passés ? Quelles leçons tirer de ces drames qui permettent de dire qu'ils ne se reproduiront plus ? Que disent les habitants qui les ont subis ? Que disent les voisins ? Les associations ? Les institutions (Pompiers, municipalité, préfecture)? Y a-t-il des immeubles anciens plus dangereux que d'autres ? Est-il possible d'identifier des immeubles à hauts risques ? Quelles informations a donner aux habitants pour qu'ils aient conscience de leur situation ? Y a-t-il des dispositifs à mettre en place pour que les habitants de ces immeubles puissent faire face efficacement à un incendie ?


Voilà une série de questions qui font l'objet de l'étude engagée par le Conseil Citoyen du centre ville. Celle-ci va commencer dans les jours à venir. Cette étude n'est pas là pour permettre aux pouvoirs publics de s'exonérer de leurs responsabilités face à l'habitat ancien, aux rénovations, à l'insalubrité. Ni aux marchands de bien ou marchands de sommeil qui profitent de la situation. Elle se veut juste un outil, modeste, pour permettre aux habitants de comprendre leur situation, d'avancer des revendications. Le résultat sera public, et chacun, chacune, particuliers, associations, syndicats, amicales, partis, pourront se saisir de ses conclusions. Si cela aboutit alors le Conseil Citoyen aura fait œuvre utile.


Jean-Marc Bourquin

pour le Réseau Solidarité Logement

[1] Agence Nationale de la Rénovation Urbaine : organisme étatique qui finance une partie de la plupart des projets de rénovation urbaine en France

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